Henri-Franck Beaupérin est un des organistes les plus singuliers de sa génération : que ce soit par le vaste répertoire qu’il pratique, et qui fait la part belle à l'esthétique symphonique et aux transcriptions, par son art de l'improvisation, ou par ses propositions pour un instrument tourné vers l’avenir, il invite à poser un regard neuf sur l’orgue.
Après avoir été l’un des derniers disciples de Gaston Litaize, il a étudié auprès de Michel Chapuis, Olivier Latry, Michel Bouvard, Loïc Mallié et Jean-Claude Raynaud au conservatoire de Paris et complété sa formation auprès de Jean Boyer, Louis Robilliard, Thierry Escaich, Ton Koopman et Jean Guillou.
Lauréat des concours internationaux de Tokyo et Lahti, Prix d’Improvisation au concours Franz Liszt de Budapest, il reçoit en 1995, à l’unanimité du jury, le Grand Prix d’interprétation du premier Concours International de la Ville de Paris. Dès lors, il est l'invité de festivals tels que : Festival d’Art Sacré de Paris, “Toulouse-les-Orgues”, “Stras’Orgues”, Festival d’Avignon, Festival de St-Céré, Chartres, St-Bertrand-de-Comminges, Internationale Orgelakademie d’Altenberg, Leipzig, Tokyo, Montréal... où il crée les œuvres de compositeurs tels que Thierry Escaich, Jean-Baptiste Robin, Grégoire Rolland, Guillaume Le Dréau ou Richard Dubugnon.
Organiste émérite de la cathédrale d’Angers et titulaire du grand orgue de l’abbaye de Sylvanès, il est l'auteur de transcriptions pour orgue qui ont fait l'objet de plusieurs enregistrements discographiques, dont Prélude, Choral et Fugue de César Franck, L'Anneau de Salomon de Jean-Louis Florentz, la Sonate de Franz Liszt, L'Apprenti Sorcier de Paul Dukas...
Vivement intéressé par la facture d’orgues et son devenir, il est le concepteur de “Gulliver”, orgue modulaire assisté par ordinateur. Cet instrument, véritable grand orgue à tuyaux transportable en tous lieux et accessible au plus proche du public, préfigure des formes de concerts inédites et une approche musicale novatrice.
Œuvres de J.S. Bach, improvisation
Les Maîtres de l'orgue et l'improvisation
Œuvres de J.S. Bach, C. Franck
Œuvres de M. Ravel, P.I. Tchaïkovski
Œuvres de J.S. Bach, R. Schumann, C. Franck
Œuvres de J.S. Bach, W.A. Mozart, P.I. Tchaïkovski
Improvisation et création picturale
Œuvres de C. Franck, W.A. Mozart, F. Schubert, G. Rossini, A. Dvorak, G. Puccini, J. Rutter, G. Fauré
Œuvres de A. Vivaldi, J.S. Bach, C. Franck
Œuvres de F. Couperin, M. Marais, D. Ortiz, H. Biber
Œuvres de J.S. Bach, W.A. Mozart, A. Vivaldi, F. Poulenc, M. Dupré, L. Vierne, improvisation
M. Dupré : Symphonie-Passion
Œuvres de W.A. Mozart, F. Schubert, G. Rossini, A. Dvorak, G. Puccini, J. Rutter, G. Fauré
M. Dupré : Symphonie-Passion
Œuvres de J.S. Bach, W.A. Mozart, R. Schumann, C. Franck, improvisation
Œuvres de J. Cabanilles, G. Frescobaldi, L.C. Daquin, J.S. Bach, G.F. Haendel, D. Scarlatti, J. Haydn, W.A. Mozart
« Un bon orgue doit vous saisir deux fois » aime à dire le facteur d’orgues Gerhard Grenzing : tout d’abord quand, le voyant pour la première fois, il vous emporte par la monumentalité de son buffet ; et ensuite encore lorsque, à l’audition, il vous ravit par la séduction de ses timbres. N’est-ce pas ce qu’éprouve tout visiteur confronté au grand orgue de Sylvanès ? Qui ne s’est senti terrassé, effrayé peut-être, en découvrant au fond de l’église cette colossale masse de bois et de métal dont les formes hiératiques répondent en contraste à l’architecture de la nef ? Et qui encore, l’entendant à l’occasion d’un office ou d’un concert, n’a pas eu le sentiment d’être là en présence d’un instrument différent des autres, immense certes, mais à la fois intime, convivial par sa proximité, et dont les sonorités, limpides ou rauques, sombres ou rayonnantes, ténues ou impérieuses, semblaient sortir imprévisiblement du haut, ou du bas, ou de la façade ou du fond de son buffet, comme un organe aux cent bouches, chacune différente, chacune expressive selon son tempérament ou son humeur ?
De fait, l’originalité de ce géant, le plus grand orgue neuf d’Occitanie avec ses quatre claviers et ses 4600 tuyaux, tient à ce qu’il est conçu comme l’assemblement de plusieurs orgues autonomes ayant chacun sa personnalité, et destinés à entrer en sympathie avec chaque autre. Comme l’écrit Daniel Birouste, son créateur, « l’acoustique de Sylvanès est suffisamment efficace pour que l’on puisse miser sur la diversité des sons qui sert la spatialité de l’instrument plutôt que sur l’empilage des jeux en plus ou moins fort. »
On sait qu’en cosmétique, on appelle orgue à parfums le meuble sur lequel sont échelonnés les flacons d’essences à partir desquelles le « nez », par de subtils alliages, va créer ses fragrances. L’orgue de Sylvanès, c’est exactement ça : un laboratoire où l’organiste-créateur va travailler les couleurs sonores pour donner aux œuvres jouées une résonance nouvelle, inouïe : ce que vous entendrez à l’orgue de Sylvanès, vous ne l’entendrez nulle part ailleurs !
Jonathan Swift avait fait de son personnage Gulliver un aventurier qui, toujours trop grand ou trop petit dans les contrées qu’il traversait, réussissait par son habileté à s’y trouver finalement à son aise. Tel se présente également l’orgue mobile « Gulliver », instrument voyageur en quête de nouvelles formes de concerts et de spectacles, de nouveaux répertoires, de nouveaux publics.
L’utilisation de techniques innovantes a permis aux frères Olivier et Stéphane Robert qui l'ont construit d’en dissocier les éléments et d’en réduire les dimensions afin de le rendre transportable, aisément disposable sur des scènes de configurations variées et en contact visuel et acoustique direct avec l’assistance.
Si le son provient bien des tuyaux d’un orgue authentique tel que nous l’ont légué des siècles d’artisanat d’art, leur souffle vivant gagne par cette nouvelle proximité une pureté et une franchise qui en renforcent la puissance émotive et permettront à l’orgue de dialoguer désormais plus familièrement avec d’autres ensembles musicaux, toutes frontières stylistiques rompues.
Les mécanismes internes, en revanche, ont cédé la place à une transmission informatisée. Le logiciel OrganoLogic développé par Valentin Leroux, compatible avec la norme MIDI, ouvre aux musiciens une fluidité et une variété dans l'emploi des couleurs sonores qui vont bien au-delà des usages auxquels les avaient habitués depuis des générations la pratique des instruments séculaires de nos églises.
L’harmonisation réalisée par Olivier Robert (1965-2021), qui signait là son ultime instrument, étonne par sa présence et une subtilité de transitions entre les timbres qui donnent l’illusion d’un orgue bien plus riche et considérable qu’un instrument traditionnel de dimensions comparables.
À l’auditeur qui découvre cet orgue à taille humaine, dont les vingt modules se présentent sur scène comme autant de personnages d’un dialogue théâtral, se dévoile, outre la console aux quatre claviers, tout une mécanique jusqu’alors inconnue, une multitude de tuyaux de bois ou de métal de toutes dimensions et formes, horizontaux ou verticaux...
La chorégraphie immobile du jeu de l’organiste et le dialogue des sonorités sur les différents claviers, la spatialisation scénique du son, tout ceci est bien de nature à susciter une nouvelle perception de l’orgue par le public – et peut-être aussi par les musiciens eux-mêmes.
présentation de l'Orgue Gulliver